Séminaire du cours de Alain Berthoz au Collège de France

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Jean-Luc Petit

Attention, intention et intentionnalité

Questions à Ian H. Robertson

1)    Pluralisme des notions d’attention : Si quelqu’un vous demande ce qu’est l’attention et que vous lui demandez s’il veut parler de l’attention vigilante ou de l’attention sélective ou de l’attention spatiale ou de l’attention partagée ou de l’engagement/désengagement de l’attention ou de l’attention asservie au stimulus ou de l’attention orientationnelle ou de l’attention de détection ou de l’attention d’alerte ou de l’attention soutenue, etc., le questionneur aura l’impression de n’avoir pas eu la réponse à sa question. La science sauvegarde-t-elle un concept unitaire d’attention ? Sinon, pourquoi garde-t-elle ce mot ?

2)    Attention et volonté : Quand on remonte à la source des influences « descendantes » de l’attention sur les activités perceptives (et motrices) on évoque la contribution de réseaux localisés dans les aires fronto-pariétales et préfrontales dorsolatérales. Or on accorde à ces réseaux une fonction de contrôle « volontaire » sur le comportement et les pensées. Est-ce qu’il faut envisager l’existence d’une influence endogène modulatrice, sinon inductrice, d’un système de l’attention volontaire sur la perception (outre l’action) ?

3)    Attention et intentionnalité : Les théories cognitives de l’attention recherchent certains « mécanismes de l’attention ». Or, tout mécanisme est une machine qui se mettra en marche automatiquement, donc aveuglément, aussitôt que les conditions de son déclenchement seront réunies. Cela heurte notre expérience subjective de l’attention qui est qu’elle est toujours « une conscience DE quelque chose » : direction vers un centre d’intérêt, un objet de désir, un but d’action, une idée qu’on n’a pas bien saisie, etc. Quelle est donc la contribution de l’attention à cette intentionnalité de la conscience ? 

1. Critique phénoménologique des théories de l’attention :

1.1. Les présupposés des théories de l’attention.

1.2. Retour aux phénomènes : le « regard mental » de l’attention.

2. Phénoménologie de la constitution :

2.1. Constitution d’objectivités temporelles (un son).

2.2. Constitution d’objectivités spatiales (un polyèdre).

2.3. La structure rétentio-intentio-protentionnelle de la conscience.

3. Bases neurophysiologiques de l’objectivation :

3.1. Influence de l’attention sur l’aire auditive primaire (A1).

3.2. Influence de l’attention sur l’aire visuelle primaire (V1).

3.3. Influence de l’attention (et de l’intention) sur les aires somatosensorielles (S1, SIP).

Les théories psychologiques de l’attention = une reconstruction de la perception sur la base de présupposés physicalistes et empiristes :

1) La réalité objective ne contient que des choses individuelles approximativement similaires;

Il n’y a pas d’idées (espèces, généralités) ni dans le monde extra-mental, ni dans l’esprit humain.

2) Toute notre connaissance provient des sens; nous n’avons pas de sources de connaissance immanentes, a priori; on ne fait que recevoir (encoder), associer et transformer des sensations.

3) Nous n’avons jamais directement affaire aux choses; nous n’en retenons que des

complexes de sensations ou « représentations » qui les représentent dans notre esprit-réservoir. Ces représentants mentaux des choses (au point de vue de l’observateur scientifique) ne sont pas des actes de « se représenter » grâce auxquels le sujet se représenterait activement les choses.

4) L’attention nous permet d’isoler, de détacher, d’extraire et d’abstraire dans ces complexes de sensations des traits simples récurrents (régularités) qui sont les propriétés générales des objets.

5) Une fois extraites ces propriétés générales sur la seule base de l’intuition des choses

individuelles dans la sensation, nous possédons toutes les conditions de la cognition et nous

pouvons identifier chacune des choses en leur attribuant les propriétés qu’elles ont « en réalité».

6) La moderne psychologie cognitive continue d’assumer implicitement l’ensemble de ces présupposés en renommant la sensation « information » et l’association « computation ».

L’approche phénoménologique de la perception nous replace dans l’immanence vécue d’un acte de percevoir non adultéré :

1) Si l’on s’en tient à la simple intention du percevoir, ce ne sont pas des sensations ni des représentations mentales qui sont les objets perçus, mais bien les choses elles-mêmes :

« Je perçois l’arbre ou le cheval dans le pré, pas mes sensations de couleur, de forme, etc. »

2) Nous pouvons être attentifs à des parties de l’objet comme à son tout, mais cette attention ne concernera jamais que du singulier et de l’individuel et ne nous donnera pas accès à descaractères généraux nous permettant de synthétiser et d’unifier une connaissance de la chose.

3) Pour rester fidèles à la visée intentionnelle propre de la perception en tant qu’acte, il faut admettre que nous avons une pluralité de modes de visée d’objets dans des actes essentiellement différents : non seulement nous visons la chose individuelle dans le sentir, mais nous visons et saisissons aussi des objets idéaux ou des propriétés générales : « le vert de l’arbre »; « le triangle (à travers ce dessin :       ); « l’identité de la chose ».

4) Il faut généraliser le concept d’attention en l’étendant au domaine entier des actes de visée intentionnelle de quelque chose en tant qu’objet d’intérêt pour un sujet actif et selon une certaine modalité de relation (sensorielle, symbolique, cognitive, volitive, affective, etc.).

5) les objets sont connus en tant que visés dans une relation cognitive et non parce qu’ils seraient simplement contenus de façon contingente dans la conscience comme dans une boîte où on les éclairerait avec un projecteur; ils sont en tant qu’ils sont pour quelqu’un pour qui ils sont porteurs de certaines valeurs ou significations; les choses perçues ne sont pas simplement les choses physiques ni leurs représentants mentaux : elles sont produits de constitution active en tant que choses dotées du sens qu’elles ont pour nous et cette constitution s’accomplit au sein des diverses formes d’actes intentionnels qui les visent. 

2. Phénoménologie de la constitution :

Un son n’est pas un simple « stimulus acoustique » qu’un récepteur passif capterait pour nous donner mécaniquement une représentation auditive. Un son est un objet temporel qui apparaît comme doté précisément de ce sens : entité objective temporelle dans le flux d’expérience vécue d’un sujet percevant. Cet objet doit sa constitution à un système dynamique de positions, renvois et tensions subjectives analysé par Husserl dans les Leçons de 1905. La place de cet objet dans le temps objectif résulte d’une abstraction ultérieure des axiomes du temps sur la base vécue de ce système dynamique. Cette abstraction a un prix : l’écrasement et la méconnaissance de la structure logique originale du temps constituant à l’origine du temps usuel. Conformément à la métaphore de la comète, lorsqu’un son retentit on distingue un noyau d’expérience sensorielle originaire et une queue de rétentions du son juste passé qui se prolonge en un recouvrement continu jusqu’à une limite au-delà de laquelle le son est révolu et nécessite un acte spécial pour son rappel comme représentation mémorielle. Le présent du son actuel n’est pas un point fixe, mais une origine générative d’où jaillit un matériau sensoriel constamment nouveau et dont chacune des phases nouvellement produite est aussitôt soumise à un processus de modification qui l’éloigne dans une distance croissante par rapport au maintenant présent. Ce point n’est pas la limite d’une approximation qui une fois atteinte serait un terme définitif, mais une source incessante de nouveauté. Cette nouveauté n’est pas une simple diversité ni une pure dispersion dans la succession, mais la série des maintenant présents du son est traversée et fermement maintenue en son unité de sens comme étant « le même son » par un acte subjectif d’appréhension d’identité. Cette circularité du maintien de l’identité à soi originaire dans la distance et une distance qui croît jusqu’à un point de non rétention est une structure pré-empirique (transcendantale) dont l’actualisation dans les actes du sujet percevant un son est la condition de possibilité pour lui d’une expérience « du son ».

Un cube (un dé) n’est pas simplement « un stimulus optique » dont l’impression passive sur nos récepteurs rétiniens nous donnerait mécaniquement la représentation spatiale correspondante. Un cube est un objet (ou une objectivité) spatio-temporel qui n’est à proprement parler jamais donné dans le contenu sensoriel actuel, parce qu’il ne nous présente que sa face frontale tandis que ses faces latérales fuient en perspective (quand elles ne sont pas masquées). Cette condition est absolument générale : tout objet de perception spatiale est un produit des activités constituantes du sujet percevant. Nous n’avons d’emblée rien de tel que « l’objet », il y a seulement des esquisses, ombres ou fantômes porteurs de prétentions à l’objectivité en cours de confirmation (ou d’infirmation) dans le progrès de l’expérience. Ces esquisses entrent dans noschamps visuels instantanés, les traversent et en ressortent en fonction des mouvements de nosorganes sensoriels et de nos organes moteurs. Ces séries d’esquisses ne s’organisent pour le sujet percevant en une configuration permanente porteuse de la valeur d’être : « une chose » que parce que ce sujet les traverse d’une visée d’identité qui les retient et les enchaîne de façonà former une « multiplicité définie » dont la chose individuelle unique et identique est le « corrélat noématique ». Cette structure de multiplicité est un système dynamique émergeant du flux des vécus sensoriels et kinesthésiques. Sa mise en place requiert la corrélation systématique des séries d’esquisses de champ et des décours kinesthésiques (intentions motrices et sensations proprioceptives) sous le contrôle de la visée objectivante. A la différence du son, le moteur de diversité ne s’identifie plus avec l’impression sensorielle ni avec la saisie d’identité. Ici, la visée « à vide » d’un déploiement régulier des faces cachées de la chose conforme à l’anticipation reçoit sa saturation (ou non saturation) sensorielle de la variation d’aspects « de la même chose » motivée par le fonctionnement du système kinesthésique. Il faut donc opposer le stimulus (physique) et la chose dans l’espace : le premier illustre notre passivité sensible, la seconde notre activité (transcendantale) constituante du sens.

Ces schémas n’envisagent pas la possibilité d’autres « champs » que le champ visuel complet ou le champ temporel total du sujet percevant. Sont-ils pour autant dépassés ?

Sans doute, l’apport décisif des neurosciences de la vision (S. Zeki, p. ex.) a-t-il été de pluraliser et de distribuer ces champs en relativisant la réception du signal aux « champs récepteurs (CR) » des cellules des différents relais neuraux dans la voie de traitement hiérarchique de l’information visuelle (de V1 à TE). Les fonctions dites « de haut niveau » (attention, individuation, objectivation, « binding », reconnaissance d’identité) étaient censées intervenir aux étapes de traitement tardives et non dans les aires sensorielles primaires. L’architecture fonctionnelle de celles-ci semblait dédiée à la sauvegarde de la topographie des récepteurs (rétinotopie de V1, tonotopie de A1, somatotopie de SI).

Mais, la remise en question de l’univocité de cette hiérarchie par l’introduction récente de l’hypothèse d’un feedback réentrant grâce auquel l’information élaborée des aires supérieures exercerait une influence modulatrice (facilitante ou inhibitrice) sur la réception du signal dans les aires sensorielles primaires nous invite à méditer non seulement sur le pluralisme et la distributivité du traitement sensoriel, mais aussi sur son unité intégrative. Tout se passe comme si les cellules des aires réceptrices primaires ne se contentaient pas d’être le code du stimulus préféré tombant dans leur CR, mais qu’elles « savaient quelque chose » de ce qui se passe en dehors de ce CR, donc dans le champ total qui redevient d’actualité. Ramener l’intelligence du plan des associations supramodales au plan sensoriel permet une économie en représentations mentales parce qu’il devient moins tentant d’en postuler si les activités réceptrices sont déjà pleinement interprétatives. Mais bénéficiera en même temps d’un regain d’intérêt toute théorie unitaire qui tentera de rendre compte de la continuité d’intégration de la perception par la dynamique du champ visuo-attentionnel ou audio-attentionnel global.  

Au sortir d’un long sommeil dogmatique empirico-représentationnel, les neurosciences (sinon les sciences cognitives) commencent à explorer le substrat biologique de la constitution transcendantale. La structure rétentio-protentionnelle de l’intentionnalité perceptive entrelace la production de diversité sensorielle et la position d’identité présomptive. L’architecture fonctionnelle (non anatomique) du traitement perceptif visuel ou auditif croise la hiérarchie ascendante rétino-(ou cochléo)-thalamo-corticale avec le feedback des étapes supérieures sur les aires sensorielles primaires d’une part, les influences modulatrices horizontales (cortico-corticales : fronto-pariétales) et obliques (cortico-sous-corticales : viscérales) d’autre part. Sans doute, ces influences s’inscrivent-elles dans l’ordre de la causalité qui reste celui du temps de la mesure (la dizaine ou centaine de millisecondes de l’activation neuronale). Mais, eu égard à la signification biologique de la perception, comme individuation de l’objet externe, ces processus renvoient à des actes essentiels à la survie qui interviennent en amont de « la réalité de l’objet » et des valeurs cognitives ou affectives qu’il porte. C’est cette antécédence par rapport à la réalité habituelle qui justifie d’y voir le substrat biologique des opérations constituantes de l’expérience (sinon la conscience) perceptive. Si ces opérations ne planent pas dans le vide, on ne peut pas se contenter de les imputer «au sujet transcendantal». Pour leur fondation (implémentation matérielle) les patrons d’activation transitoire dans les boucles fonctionnelles recrutées par les activités perceptives dans le cerveau d’un sujet percevant sont les candidats naturels. On retiendra les preuves de l’influence modulatrice de l’attention sur les cortex visuel et auditif primaires ainsi que de l’influence modulatrice de l’action et de l’intention sur la plasticité des cartes somatotopiques du cortex somatosensoriel. N.B. « attention », « intention », « action », et en général tout corrélat physiologique de la dimension anticipatrice des conduites seront considérés des approximations tolérables des vécus d’actes intentio-rétentio-protentionnels d’une subjectivité constituante (incarnée). 

3. Bases neurophysiologiques de l’objectivation :

Les suggestions de Husserl peuvent être réinterprétées dans les termes de la recherche actuelle sur les corrélats neuraux de l’attention. À l’idée de la phénoménologie que l’impression sensorielle à l’origine de la perception d’un son ou d’une chose comporte une association originaire déployant une structure rétentio-intentio-protentionnelle constitutive du sens d’être de ces objets répond en neurosciences l’idée que les étapes les plus précoces dans la hiérarchie du traitement perceptif sont sensibles à l’influence modulatrice des centres responsables des étapes de traitement supérieures. Un même paradoxe se retrouve aux deux niveaux d’approche, celui des vécus perceptifs et celui du substrat : l’attention à l’objet guide la réception du signal en dépit du fait que cet objet ne sera perçu qu’une fois que ce signal aura été reçu et complètement élaboré. Mystérieuse précédence de l’objet à sa propre objectivation. On va voir maintenant que le paradoxe se généralise de la perception externe à la proprioception, au schéma corporel et à la constitution du « corps propre ». Mon corps n’est pas cette anatomie contingente qui m’a été donnée par la Nature et que j’ai trouvée passivement à ma naissance. Mon corps, en son sens d’être pour moi, est constamment projeté en avant de lui-même par les actions auxquelles je l’applique. En tant qu’instrument de mon intervention dans le monde matériel il me matérialise. Non seulement le corps des apprentissages, de l’usage, voire même des intentions d’utilisation prévaut systématiquement sur le corps sensoriel, mais il en induit et contrôle en permanence le façonnement. Non seulement dans la phase de latence précoce de l’ontogenèse, dans la période du développement infantile, mais encore durant la maturité et la sénescence, en un mot pendant toute l’histoire de vie personnelle de l’individu, ses actions modèlent dynamiquement l’organisation (de ce fait non topographique) des cartes somatotopiques de la représentation fonctionnelle centrale (corticale, thalamique, etc.). Comme l’avaient si bien dit les philosophes (qui ne croyaient pourtant pas faire de la physiologie!) : « L’homme n’est que ce qu’il se fait ». Contrairement au préjugé linéaire et hiérarchique qui oppose « entrée sensorielle » et « sortie motrice » et qui subordonne la seconde à la première, je n’ai pas à m’informer d’abord par la proprioception et le toucher de la localisation de mes membres pour les mouvoir en direction de l’objet perçu. De mon corps, je sais d’avance la position, la localisation et la conformation (et aussi l’inertie, l’élasticité... : modèles internes) parce que je m’en sers dans l’action.  


 

PETIT J.L à S. Gallagher                                                                               January 19th 2006

 

Dear Shaun,

            I really enjoyed your paper and I am glad to let you know that my own opinion about simulation theory (ST) is close to your critical appraisal of the new Jeannerod-Pacherie brand of it. Hereafter are the remarks (waiting forward for another PowerPoint, “Marguerite-de-Navarre” audience friendly version of them !) that I would like to make as your discussant, next Feb. 22.

 

1°) What seems not to be duely acknowledged in some quarters, is that no theory is authorized in changing phenomenology, nor even in legislating about the correct description of our lived experience in phenomenology. Far from distorting phenomenology in order to adapt it to any presupposed “explanation”, theory has to take phenomenology at face value and try to cope with it in an explanatory satisfactory way. So, that  the insertion of mediation (i.e. representation and inference) into the phenomenon of the direct perception of the other’s intention in their gestures and actions, can only be imputed to a misguided intellectualism of blind theoreticians. No argument can counter the evidence that towards myself, my intentions, plans, decisions, etc. I  do not have the same attitude that I could have towards a tool, or any material (or mental) device. Yet, that is precisely what ST partisans are assuming : the simulating subject would be using his own pratical reasoning scheme as a model, a mental machine of sorts, as if he could detach himself, as an observer, from himself, as an agent.

 

2°) ST partisans seem to be unaware of the fact that transfering personal predicates of personal agents onto subpersonal (and so, definitively impersonal) systems in the brain is a typical homuncularist move. So far as you please, mirror neurons can “resonate” – or “echoe” or “map” or suchlike technical jargon, which usage is up to the theoretician – with other systems in the same or even in other brains. But, they cannot possibly “do as if”. [or do this “as if” something were the case]. Because one cannot attribute to brain systems the faculty of conceiving or recognizing intentions, nor of “simulating” in the non metaphorical sense of entertaining an intentionally contrary to the  factual mode of representation, without  portraying these systems  as little personal agents inside the brain. Neuroscientists (not to say philosophers) would be wise to meditate on Leibniz’  timely [or timeless ? – making a pun] good advice  : “Beware of the temptation of explaining why clocks “say the time” by postulating a time-saying faculty in the cogwheels in order for them to manoeuver the hands and put them at the right place on the face !”

 

3°) Contrary to what ST proponents seem to believe, the interpretation of the function of mirror neurons (or resonant systems) in ST terms is not the only possible one. In fact, ST is but one special line of interpreting these newly discovered, intriguing brain circuits – and a line that is dangerously exposed to overstatement and inflationary speculation. It  amounts to an attempt  to undermine a possible challenge to the standard, representational and computational model of cognition  by infiltrating into the confusing notion of “simulation” the solipsistic conception of the human mind, as a representing and computing machine disproved of body nor any necessary interaction with an environment or with other minds.

 

4°) In fact ( in contrast to the present day cognitive science litterature, which is under the sway of the aforementioned paradigm), another interpretation is conceivable. The new line is tentatively  although not in a very illuminating guise refered to under the title of “enaction”. To put it straight, we should be more radical than many among its proponents. We have to conceive brain function departing from action and from its very inception in intention, rather than from the reception of external signals at the periphery of body. It is not impossible that Berthoz’ “emulation” concept (as an alternative to simulation) points in such a direction : at least that is my personal guess. The toppling of the traditional hierarchy that used to subordinate action (prejudiced as motor limb movement) to a passive, sensory receptivity of an external information would enable neuroscience to naturalize Husserl’s intuitions. Especially the intuitions he expressed in his late theory of transcendantal, subjective and intersubjective constitution : the organism as an agent constitutes conjointly with others the common ground of their interaction and their common objects of interest and goals (and does not received them already preconstituted); so, that there is no mystery in the fact that it directly perceives actions and even intentions in a world that is above all life-world, i.e. a world of its own subjective, and intersubjective Praxis, not of an objective, absolute Theoria

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Publié dans philosophie

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